"Le deuxième étage servira de corps de garde, lequel percé de deux créneaux, défendra la batterie qui protège le mouillage vers l'Ouest". Garengeau, Projet de tour pour l'île de Batz, 1705.
Les tours fanaux du Cap Fréhel et du Stiff à Ouessant appartiennent à la famille des tours côtières de Tatihou, La Hougue et les Hébihens. En fonction des besoins, la tour d'observation à plate-forme d'artillerie s'adapte pour devenir fanal. Avec moins de 6 mètres soit 4 toises de diamètre extérieur à la base et 15 mètres de hauteur, la tour fanal du Cap Fréhel est la plus petite de la série et la tour du Stiff : 23 mètres (12 toises), la plus haute. Située à cinq lieues de Saint-Malo, la tour du Cap Fréhel se trouve dans l'alignement exact du donjon du Fort La Latte et de la tour des Hébihens. Si l'on s'en tient au plan de Garengeau, la tour n'était pas encore réalisée en octobre 1700. On y trouve outre un magasin en rez-de-chaussée et un corps de garde au premier étage, "le logement de celui qui aura le soin du fanal" au second étage, et la torchère en terrasse. Situé à 15 mètres de hauteur, l'éclairage à l'air libre sur réchaud puis sous lanterne était obtenu avec du bois ou du "charbon de terre".
A Ouessant, le fanal de la tour du Stiff allumé dès 1700 s´élève à 89 mètres au dessus du niveau de la mer. L'édifice servait aussi à la surveillance des deux grands mouillages : Lampaul et le Stiff, situés de part et d'autre de l'île. Vauban prévoyait la construction d'une autre tour d'observation et de signalisation, un port (août 1685) ainsi qu'un fort sur le rocher du Corce à l'entrée de la baie de Lampaul (Projet de Denis de Lavoye fait à Brest le 14 décembre 1685). Enfin, une autre tour fanal était programmée par Garengeau à l'île de Batz en baie de Morlaix. En 1712, l'intendant de la Marine écrivait à son ministre : "Nous n'avons sur la côte que la tour d'Ouessant et le fanal de Saint-Mathieu où il est observé de faire du feu de temps en temps, mais il y a déjà très longtemps qu'on n'y en fait que très rarement, faute de matière pour entretenir le feu".
(Guillaume Lécuillier, 2006).